Cerner, confronter et empêcher le racisme est essentiel et complexe. En tant que profession, nous avons du travail à faire, et cet effort peut prendre de nombreuses formes, y compris au travers de :
- l’apprentissage individuel;
- l’établissement de relations et le partage d’expériences;
- l’élaboration du curriculum;
- la promotion du changement au sein du secteur.
Toutes ces activités peuvent faire partie intégrante du Plan d’apprentissage professionnel continu (APC) des éducatrices et des éducateurs de la petite enfance inscrits (EPEI).
Vous souhaitez nous parler de vos objectifs d’apprentissage, de vos activités et de vos réflexions? Écrivez-nous à exercice@ordre-epe.ca.
Vous avez manqué les trois premiers articles de cette série? Retrouvez-les ici :
Petit rappel
Norheen Jaffrey EPEI est animatrice en perfectionnement professionnel pour les Services d’aide à l’apprentissage (petite enfance) au sein d’un conseil scolaire.
Dans notre premier article sur Norheen, elle nous a fait part d’une expérience de racisme qui l’a marquée depuis son enfance. Dans le présent article, elle nous livre des réflexions supplémentaires et des questions pertinentes pour contribuer à faire du milieu d’apprentissage un espace accueillant pour tous.
Ce que Norheen a appris
« En tant qu’éducatrice, je veille à ce que les milieux d’apprentissage des enfants qui me sont confiés reflètent les expériences qu’ils ont vécues, explique Norheen. Je procède de différentes façons, notamment en évaluant les textes présents, les matériaux et les images utilisés ainsi que l’aménagement physique de l’espace. » Elle pense qu’il est important que le caractère unique de chaque enfant soit représenté.
Norheen indique également avoir « intégré à son apprentissage professionnel le fait de chercher à mieux comprendre l’impact socioculturel que les matériaux et les messages écrits et les supports visuels présents dans la salle ont sur ceux qui s’y trouvent. » Elle a appris que les environnements véhiculent des messages puissants sur les valeurs de la société. L’influence de qui est visible et de ce qui ne l’est pas contribue au sentiment d’appartenance des enfants. Si l’identité des enfants et de leurs familles ne se reflète pas dans l’espace, cela contribue à un manque de sécurité culturelle et influe sur leur sentiment d’appartenance à la communauté.
Une partie de sa stratégie pour y répondre consiste à impliquer les familles et à collaborer avec elles. « Il ne s’agit pas seulement de créer des arbres généalogiques ou de demander aux enfants d’apporter des photos de famille », explique Norheen. Elle a en outre appris que les horaires planifiés de rencontre avec les parents créent un obstacle systémique pour celles qui ne peuvent pas y participer à ces heures prédéterminées. Pour lever cet obstacle, elle a mis en place une politique de porte ouverte qui invite les familles à raconter leurs expériences et les histoires qu’elles ont vécues.
Elle a aussi appris l’importance des discussions sur la pauvreté ou l’insécurité alimentaire avec les éducateurs. « C’est un problème réel pour de nombreuses familles, c’est pourquoi j’ai commencé à prendre le temps de nous mettre nous, éducatrices et éducateurs, au défi de réévaluer ce que nous pensons de certaines situations. »
En parlant de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire, Norheen a demandé aux éducateurs de réfléchir à leurs idées, leurs préjugés et leurs croyances en s’interrogeant comme suit :
- Portons-nous un jugement sur le contenu de la boîte à lunch fournie par les parents de l’enfant, à savoir si leur repas est de bonne ou mauvaise qualité? Sommes-nous conscients des croyances culturelles, des expériences vécues par les familles et des défis auxquels elles sont confrontées quotidiennement? Ou renforçons-nous notre pouvoir et nos privilèges en rappelant constamment aux enfants de surtout choisir des aliments « santé »?
- Comment démontrer et communiquer un respect authentique et une compréhension qui honore les familles et reconnaît qu’elles font de leur mieux pour leur enfant?
Se sentir à l’aise dans le malaise
« Au fur et à mesure que j’avance dans mes activités d’enquête collaborative dans le cadre de mon APC, je sais que j’ai besoin d’être plus à l’aise dans des conversations difficiles, mais critiques », déclare Norheen.
Elle croit fermement que pour éliminer le racisme et la discrimination anti-Noirs, chacun a une responsabilité. Ce travail ne doit pas être laissé aux collègues noirs, autochtones ou de couleur. « C’est le travail de tous, déclare-t-elle. Et c’est mon travail. »
Abordez-vous le racisme dans le cadre de votre APC? Parlez-nous de vos objectifs et activités d’apprentissage et de la façon dont vous mettez le tout en pratique à : exercice@ordre-epe.ca. |