Dans le cadre de l’engagement de l’Ordre envers l’antiracisme, nous reconnaissons l’importance de faire entendre des voix diversifiées et de premier plan au sein de la profession. De même, nous reconnaissons les avantages de la discussion et du partage d’expériences, de perspectives et de réflexions. Cet espace est dédié aux EPEI qui s’identifient comme appartenant à la communauté des Noirs, Autochtones et personnes de couleur. Si vous souhaitez contribuer à cette conversation, veuillez nous envoyer un courriel à csrteam@ordre-epe.ca.
Mon histoire de racisme [TRADUCTION LIBRE]
... C’est perdre l’innocence d’être moi, jeune, d’être juste moi Dans un monde qui criait haut et fort cette différence que je porte en moi Où la société disait que mon beau visage noir N’était pas assez bien pour l’endroit Où des éducateurs pleins de préjugés donnent aux autres l’attention qui vous revient à vous Car oui, même dans un milieu d’apprentissage, la lutte commence en vous. ... C’est visiter un lieu sacré et s’asseoir sur un banc, mon enfant et moi Avec un petit espoir que celui-ci soit différent, voyons voir ça Être là, simplement, pour adorer avec d’autres notre Dieu créateur Élevant nos voix ensemble comme des frères et des sœurs Et que personne ne vienne jamais nous saluer, nous sourire de bon cœur Car oui, même dans les lieux sacrés, latents sont les préjugés. ... C’est se voir demander si vous êtes juste de passage Sentir que son temps ici, dans ce lieu sacré, ne peut être que limité Que mon ADN en a conscience, il connaît les codes Que vous n’êtes pas bienvenue! Pas nécessaire! Pas ici, dans cette demeure sacrée C’est être salué tièdement, sans sourire ni gentillesse Car oui, même dans les lieux sacrés, les préjugés peuvent s’installer. ... C’est la colère en écoutant notre jeune fils adolescent Raconter qu’en revenant de l’école avec des amis noirs et de couleur Se sont fait demander leurs papiers pour rien, alors qu’un crime avait été commis Et qu’ils ont eu l’audace de marcher là, et d’être Noirs juste à ce moment-ci Qu’ils ont osé marcher dans un lieu non sacré, mais dans un lieu, pardi! Car oui, la loi peut être une bête féroce pour nous, et pas du tout apprivoisée. ... C’est visiter une ville de l’Ontario pour regarder un défilé, le jour de la fête du Canada Ne pas imaginer que nous ne sommes pas les bienvenus, et que le jugement est là Alors que des drapeaux sont distribués à tous, devant nous, derrière nous et même à nos côtés Rien pour nous! Peut-être que les Noirs ne peuvent avoir pour le Canada aucune fierté Et rester là en silence, trop abasourdis pour parler, reconnaissant que l’ignorance continue à prospérer Car oui, dans cette petite ville ici aussi, résident ceux qui refusent de reconnaître nos vies. ... C’est l’histoire d’amis qui disent qu’ils ne voient pas les couleurs Alors que cette expression est blessante et certainement pas dite de bon cœur Qu’elle signifie que vous ne me voyez pas, que vous fermez les yeux sur tout ce que nous apportons Vos mots ne sont d’aucun réconfort et ne sont pas des chants de guérison Car mes talents, mes joies, mon histoire et mes différences Sont variés, mais vos propos nient mon vécu et toutes ces expériences Qui pourraient enrichir les espaces et libérer les esprits pleins de préjugés. Voici donc quelques-unes des expériences faisant partie de mon histoire Et dans mon cheminement, je suis certaine que Dieu m’a créée à sa gloire Chaque aube me verra célébrer les réussites de mes proches et parents Même s’il s’agit de « vivre en étant Noir », avec le lourd fardeau du racisme comme carcan Le corps endolori par des siècles de douleur, l’horreur des histoires que nous racontons souvent Avec, pour entourer notre être fatigué, peu de bras réconfortants. Je dirai la vérité aux puissants dans tous les lieux remplis de préjugés Même si je raconte mon histoire là où le silence n’est que violence en gentillesse déguisée Là où les opportunités sont léguées, sans qu’aucun travail effectué Et pour une simple raison, un privilège basé sur la couleur de peau que vous avez Mais sans rien recevoir, nous avons fait quelque chose, en survivant, même fatigués En gravissant quotidiennement des montagnes, les pieds ensanglantés, l’esprit anxieux et les yeux fatigués. ... C’est le traumatisme subi encore et encore, du genou sur le cou Sur nos corps, dans nos âmes et sans aucun répit alors que les agressions quotidiennes restent impunies Ces mots utilisés comme des armes lorsque les autorités sont convoquées Ces lieux que nous occupons toujours surveillés, nos gestes toujours questionnés Alors que d’autres jouent à Dieu, aucune aube ne peut nous permettre d’exister en liberté Seul le soir nous apporte quelque réconfort, car dans nos demeures nous pouvons simplement être et respirer. Je ne l’accepterai pas Ne m’y habituerai pas En ces places et espaces Où nous montrons nos visages Où résident des esprits pleins de préjugés. Puissent mes mots trouver une oreille attentive Qui écoute et se soucie Du fait que personne n’est libre Dans aucun lieu où mon humanité Et mon visage N’ont de place Dans aucun espace Qui renie mon droit d’être Porteur de l’image de Dieu Voilà mon histoire de racisme. C. Elias EPEI