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Sharon et Susan
Exercice professionnel

Conversations au temps de la COVID-19 : Sharon Looi et Susan Berger

Cette série relate les expériences d’EPEI (et de leurs collègues) qui composent avec la pandémie.

Sharon Looi, EPEI, et Susan Berger, EAO (membre de l’Ordre des enseignantes et des enseignants de l’Ontario), travaillent en équipe au York Region District School Board. Elles travaillent ensemble depuis un an.

Q : Quelles ont été les conséquences de la COVID-19 sur vos fonctions professionnelles, vos relations et votre milieu d’exercice?

Sharon : Il y a cinq équipes de maternelle et de jardin d’enfants à notre école. Chaque semaine, nous échangeons des idées et réfléchissons à ce qui fonctionne bien et à ce qui ne fonctionne pas. Nous utilisons un site Google pour communiquer avec les autres équipes de maternelle. Ensemble, nous collaborons à des activités d’apprentissage pour la semaine.

Susan : L’un des défis consiste à aider les parents à accéder au site et à leur montrer comment l’utiliser. C’est particulièrement difficile à expliquer par téléphone ou par courriel.

On travaille aussi en étroite collaboration avec des aides-enseignants, notamment pour offrir des activités aux enfants ayant des besoins particuliers. Une fois qu’elles sont finalisées, on les affiche pour que les familles y aient accès.

Q : L’exercice de la profession, en ce moment, consiste à s’entraider et à maintenir notre santé et celle de nos familles et de nos collectivités. Comment vous sentez-vous?

Susan : Je me sens bien dans cette situation. J’aide ma famille autant que je le peux. Bon nombre des membres de ma famille vivent aux États-Unis, alors nous avons utilisé la technologie pour communiquer. C’est difficile de ne pas pouvoir rendre visite à ma famille ou de la voir pour prendre un café, surtout lorsqu’on se sent isolés. Le fait de ne pas pouvoir nous voir en personne nous manque aussi, à Sharon et à moi. On a de la chance d’avoir une solide relation de travail.

Sharon : Je me sens plutôt bien par rapport à ce qui se passe. Ça a été difficile de m’éloigner physiquement de ma famille, et c’est particulièrement éprouvant pour ma fille lorsque nous rendons visite à ses grands-parents. Elle ne peut pas les toucher, et on doit se tenir loin d’eux, dire bonjour et bavarder. C’était également difficile d’accéder à la technologie : ma fille et moi avons besoin de l’ordinateur, elle pour l’école et moi pour travailler. On a dû créer un horaire qui n’existait pas avant la COVID-19. Comme c’est la première année que je travaille en maternelle, Susan m’a beaucoup aidé à prendre mes marques. Nous avons été en mesure de maintenir cette solide relation en ayant la chance de servir de modèle de collaboration pour les enfants de notre classe.

Q : Qu’est-ce qui vous aide à préserver votre santé physique, mentale et émotionnelle?

Sharon : Pour ce qui est de ma pratique professionnelle, j’ai la chance d’avoir une collègue enseignante solide, sur laquelle je peux compter. Je suis reconnaissante que la technologie puisse m’aider à communiquer avec Susan, les familles et les enfants de la classe, ainsi qu’avec ma propre famille et mes amis.

Susan : J’essaie d’adopter le plus possible une routine. Je m’assure d’avoir le temps de faire de l’exercice le matin. J’ai aussi trouvé utile de respecter mon horaire de sommeil habituel; cela m’a permis d’avoir un peu de normalité dans ma vie.

Q : Les EPEI exercent actuellement leur profession en adoptant de nouvelles méthodes en pleine évolution. Qu’apprenez-vous pour favoriser la sécurité, la santé et le bien-être des autres dans votre milieu d’exercice?

Susan : Nous travaillons pour offrir aux enfants un milieu d’apprentissage riche. Ce qui est bien, c’est que les parents nous envoient leurs feuilles de travail pour nous en parler, et nous pouvons voir à quel point ils sont fiers de ce que leurs enfants accomplissent. Nous avons constaté que le fait de dire aux parents qu’il n’y avait pas de pression pour terminer le travail diminue leur stress. Pour les enfants, l’accent est mis sur leur santé et leur bien-être, et non sur l’évaluation, même si nous les voyons bien apprendre.

Sharon : On utilise Google Classroom, et on chante en utilisant la fonction audio dans le but de laisser des chansons pour les enfants. Les familles nous ont dit à quel point leurs enfants aiment entendre nos voix et se sentent encouragés à participer à l’apprentissage que nous offrons. Les enfants nous manquent beaucoup!

Q : Quels sont certains des défis que vous avez rencontrés pour établir des relations et favoriser la collaboration en cette période de distanciation physique?

Sharon : Les familles qui n’ont pas accès à Internet peuvent éprouver certaines difficultés, même si la Commission leur fournit la technologie. Il y a une famille dont nous n’avons pas du tout eu de nouvelles, même si l’administration et nous-mêmes avons essayé de communiquer avec elle. Nous sommes inquiètes pour elle et nous espérons qu’elle va bien.

Susan : L’une des difficultés que nous avons rencontrées au départ, c’est que certains parents ayant du mal avec l’anglais ont des enfants plus âgés qui les aident à communiquer avec nous. Par conséquent, on comprend mieux comment répondre aux besoins uniques des familles et de leurs enfants.

Q : Pouvez-vous nous parler d’une expérience positive que vous avez vécue pour vous adapter à de nouveaux modes de communication ou de pratique?

Susan : Il semble que les enfants puissent se concentrer plus longtemps, peut-être parce qu’il y a moins de transitions tout au long de la journée. Les dessins qu’ils partagent sont extrêmement détaillés, ce qui n’est pas souvent le cas en classe. Cela démontre l’avantage du temps, qui leur permet peut-être de se concentrer. Le fait que les familles communiquent avec nous pour exprimer leur gratitude nous a également beaucoup encouragé. Elles constatent que l’investissement dans l’apprentissage de leur enfant peut être une expérience positive pour toute la famille.

Sharon : Nous sommes toutes les deux étonnées de tout ce qu’on apprend sur les enfants en étant plus au courant de leur « vie à la maison ». Nous avons eu l’occasion d’établir des liens solides avec des familles que nous ne verrions pas normalement. J’adore aussi regarder les vidéos que les enfants envoient. Je suis inspirée par leur apprentissage et étonnée de la rapidité avec laquelle ils grandissent.

Q : Dernières réflexions?

Sharon : Tout est incertain en ce moment. On se demande comment seront les enfants à leur retour, tout en réfléchissant à la façon dont cette période les touche. Cela nous a amenés à nous demander comment on pourrait adapter notre pratique à l’avenir. Je sais que l’anxiété de séparation sera un défi lorsque les enfants reviendront : ils sont tellement habitués à passer beaucoup de temps avec leur famille maintenant. Certains pourraient se sentir moins en sécurité, et c’est difficile de savoir quel sera leur niveau d’anxiété à leur retour dans le milieu d’apprentissage.

Susan : Nous avons remarqué que leur apprentissage prenait son envol. C’est intéressant de voir les enfants acquérir des compétences que possèdent les autres membres de la famille. Les familles agissent toujours aussi comme des enseignants et des influenceurs de comportements pour leurs enfants. C’est maintenant encore plus évident en raison du temps que tout le monde passe ensemble. On remarque également que les enfants ressemblent de plus en plus à leurs parents. Ils ont maintenant une plus vaste communauté d’éducateurs.

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